03/04/2021 - L'impossible voyage vers Erikås

Dans un univers parallèle, la Suède a conquis la France. La SNCF est remplacée par Sprädslätt Transport.

Avril 2005. Mon rédac-chef m’a demandé de voyager à travers la France pour tester les nouveaux réseaux ferroviaires de Sprädslätt Transport.

Mon rédac-chef tire son cigare d’une main, il pense que ça fera un super article.

“Pourquoi ne pas te rendre à Erikås? ¹ T’as de la famille là-bas, non?”

Sauf que notre journal et moi-même sommes basés à Sudbyn ². Cela fera une petite trotte… Je finis par me laisser convaincre car le chef m’offre un billet de train gratuit pour me rendre à l’aéroport de Stitås ³. L’aventure commence!

Un mot sur Sprädslätt Transport

Fondé en 1975 à Sprädslätt ⁴, Sprädslätt Transport a fait ses premières armes dans le transport de bétail. Au fil des années, la compagnie s’est diversifiée, mais le confort des liges de train n’a jamais été amélioré. Wagons jamais changés, trains en panne, des lignes complètes stoppées sans raison pendant des années puis redémarrées avec des locomotives ultra-rapides (et un prix du billet qui triple)… Sprädslätt Transport est une compagnie médiocre… Je dis ça pour être sympa.

A la fin des années 90, Sprädslätt décide d’une grande modernisation de ses réseaux. Les premières expériences sont menées sur la ligne historique de bétail de Glöldarp. Le résultat, plus proche d’une montagne russe que d’un réseau de train, surprend, mais l’efficacité semble être au rendez-vous.

Après 15 ans de travaux interminables, Sprädslätt inaugure 3 réseaux distincts de passagers, chaque réseau étant connecté à l’autre via avion:

• La ligne principale Est-Ouest, reliant Skesborg ⁵ à Trattfors ⁶ en passant par Sprädslätt. Ces trois villes disposant en bonus, d’aéroports flambant neufs desservis par une flotte d’Airtaxis.
• Le réseau Bretagne qui connecte la plupart des grandes villes de Bretagne et qui a pour terminus Erikås
• Le réseau Sud qui longe la côte sud de la France, façon train panoramique, et qui s’étend de Stitås à Sudbyn.

La carte du réseau 2005:

Les panoramas du sud

Mon voyage débute avec le sésame offert par le rédac-chef: un billet réseau Sud pour l’aéroport de Stitås.

Il n’y a que 4 arrêts entre Sudbyn Central et l’aéroport. Malheureusement comme la ligne Sud est panoramique, le train se traîne et zigzague le long de la côté Marseillaise.

Une fois le patelin de Skrärrestad dépassé, on se met même à grimper une partie des Alpes (alors qu’il aurait suffi de creuser un tunnel!)

Les locomotives Asia Star, bien que très puissantes, ne peuvent jamais dépasser les 50 km/h sur cette ligne. Une véritable honte.

Après 6h de voyage, me voici à l’aéroport de Stitås. J’achète un billet Stitås - Skrarkby ⁷. Pourquoi Skrarkby? Car la ville d’Erikås n’est desservie que par la ligne Bretagne. En 15 ans de rénovation, Sprädslätt Transport n’a pas encore trouvé l’idée géniale de relier directement la Bretagne et la Région Parisienne en train… bref seul l’avion est utilisable.

Bref, retour au guichet de l’aéroport de Stitås. Au moment d’embarquer, on m’indique que le vol est un vol à escale! L’escale aura lieu à Sprädslätt. J’aurais dû m’en douter…

Visitons la capitale!

Sprädslätt Transport possède deux modèles d’avion dans sa flotte: les antédiluviens Airtaxi A31 et les Airtaxi A33 dernier cri. Cette fois-ci j’ai de la chance, puisque je tombe sur un A33 tout confort. Le vol se passe donc sans encombres jusqu’à la capitale.

Une fois posés sur le tarmac de Sprädslätt, je m’enfonce confortablement dans le siège pour lire Aciérie Magazine. Mais l’hôtesse nous explique que nous devons descendre pour changer d’avion. En effet, aucun avion ne relie réellement Stitås - Skrarkby.

Le vol pour la Bretagne se pose au bout de 3h d’attente. C’est un vieil Airtaxi A31 au look des années 70… La compagnie nous fait réembarquer. Je vois certains passagers qui prient. Le voyage va être long.

L’air de la Bretagne

Le vol se pose non sans difficultés à Skrarkby au milieu de la nuit. La piste est détrempée par une pluie glaciale. Un véhicule de pompiers se rapproche de notre avion juste après notre débarquement. Flippant.

Il est 2h du matin mais l’aéroport est plein à craquer. Les gens attendent leur vol pour regagner la capitale. Ou pour aller en Normandie, à Skeskborg. Certains dorment à même le sol.

Ma surprise fait place à de la consternation quand je vois que les guichets de Sprädslätt sont fermés pour la nuit. Alors j’imite les autres passagers: je m’achète un paquet de madeleines au distributeur et je m’endors contre le présentoir à prospectus qui vante la région.

Le jour se lève à l’aéroport et je suis réveillé par le boucan des autres gens. Un guichet vient d’ouvrir Terminal 2. Je me lève précipitamment et cours avec eux. Après 50 min d’attente, me voila enfin devant la guichetière. Je vais pouvoir acheter mon billet pour le terminus de la ligne Bretagne: Erikås.

D’un air détaché, elle me dit:

Je suis désolée, mais la ligne Bretagne n’est pas reliée cet aérport.

Vous avez bien entendu, l’aéroport de Skrarkby n’est relié à AUCUNE gare du réseau Bretagne! Je dois donc me rendre dans la ville voisine, Erikborg… A PIED.

Excédé, je refuse cette randonnée improvisée et je réserve un billet de bus RoadRunner pour rejoindre Erikborg.

Mauvaise idée.

Après 13h passés dans les embouteillages, j’arrive enfin à la gare d’Erikborg pour attendre le train en direction d’Erikås.

Conclusion

Il m’aura fallu près de 2 jours pour rejoindre Erikås. J’espère que vous aurez apprécié mon article, car maintenant, je dois me taper le voyage retour.